Un ami m'a invité en septembre dernier à la cérémonie commémorant les 10 000 jours du décès de sa maman, morte donc il y a 30 ans environ... Il s'agit traditionnellement de la dernière étape du processus de deuil qui comprend des cérémonies les 7e, 40e, ou 1000e jour après le décès.
Sa ville d'origine se situe dans la partie Est de Java, à Mojokerto, près de Surabaya, 2e ville du pays. Java est en effet divisée en trois parties (Ouest, Centre, Est, chacune ayant une culture et une langue différentes).
Mojokerto est aussi connu pour abriter les (rares) ruines de la capitale de l'empire Majapahit, un des plus illustres empires indonésiens, entre le 13e et le 16e siècle. Mais la conversion à l'islam, postérieure, a entrainé la disparition des vestiges de cette civilisation très brillante.


Les formes de ces portes officielles d'entrée de la capitale sont très célèbres, et reproduites aujourd'hui encore à l'entrée de chaque village ou ville de la région.
A mon arrivée, la veille de la cérémonie, les préparatifs battaient déjà leur plein. En effet, de la nourriture est servie tout au long de la journée aux invités, dont une bonne partie faite maison.
Les femmes préparaient le "rukuk-rukuk", petit snack sucrés. La pâte verte est faite à base de farine de riz, sucre et lait de coco ; elle est ensuite enveloppée de noix de coco rapée. Le tout est cuit à la vapeur dans des feuilles de bananier. Très bon !


On ne dirait pas comme ça, mais la préparation de ce poulet a duré des heures, au vu de la quantité nécessaire !!!
La cérémonie elle même débute vers midi. Elle commence par la visite des femmes du village, qui se succèdent pendant tout l'après-midi. Elles arrivent par petits groupes avec les enfants et restent environ une heure. Elle se voient offrir de la nourriture et discutent de tout et de rien (mais apparemment pas beaucoup de la défunte, qui est décédée alors que la plupart des présents n'étaient pas encore nés ou tout petits).
La présence d'un homme à ce moment de la journée est tout à fait inhabituelle et assez perturbant pour elles, je ne fais donc que de brèves apparitions dans la salle de réception.
En plus de la nourriture grignotée sur place, chacun emporte un plat complet emballé : riz, pâtes, croquettes de pomme de terre, poulet, oeuf, légumes, sauce au piment...)
Afin de compenser les dépenses de la famille pour la cérémonie, chaque famille amène un présent, le plus souvent sous forme de riz ou de sucre.
Apparemment, des réserves pour plusieurs années !
Pendant ce temps, le travail continue en back-office... Nous préparons maintenant la nourriture offerte le soir aux invités, emballée dans un sac de couleur décoratif.
Pour chacun :
- une boite "salée" : poulet, riz, brochettes, légumes.
- une boite "sucrée" : gâteaux et fruits.
En effet, le soir, à 19h, deuxième temps de la journée : la réception pour les hommes. Les hommes de la famille - auxquels je suis ajouté en dernière minute (!) - accueillent les invités, dont le chef de village qui arrive en dernier, dans un ballet bien fixé.

La cérémonie, cette fois est religieuse. L'assistance prie ensemble pendant environ 20mn, la prière étant dirigée par le chef de village.
Ensuite, un plat est servi aux convives, repas rapide qui ne dure que 10 à 15 mn.
Puis soudainement, tout le monde s'en va en 5mn !!!
La journée est donc à la fois très dense du fait de toute la logistique, et en même temps assez déroutante du fait des différences avec un processus de deuil tel qu'on peut se le représenter en Occident : séparation des hommes et des femmes, invitation d'un grand nombre de voisins et non des seuls proches, temps codifiés et peu de moments d'intimité, pas de chagrin ou de prégnance de l'individu mais le sentiment d'accomplir avant tout un rite social.
En tout cas, une super expérience... et plein de bons moments avec les membres de la famille, malgré la barrière de la langue car les rudiments d'indonésiens ne m'ont pas été vraiment utiles dans un environnement javanais... Une de mes meilleures semaines en Indonésie !!
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